Presque toutes les grandes entreprises françaises ont développé des politiques et des dispositifs pour favoriser l’intrapreneuriat. Il s’agit de repérer et d’accompagner des salariés souhaitant développer une idée innovante ou une opportunité de nouvelle activité. À de rares exceptions près, les grandes entreprises expriment une grande satisfaction quant aux résultats obtenus en matière de culture entrepreneuriale, d’attractivité et de rétention des talents. Sur le plan de la création de valeur, en revanche, les résultats sont plus mitigés. Si presque toutes les grandes entreprises peuvent aujourd’hui présenter des exemples d’entreprises viables ainsi créées (ce qui ne veut pas dire rentables), celles ayant atteint le stade de scale-up sont beaucoup plus rares, et une seule start-up répertoriée a dépassé la valorisation du milliard de dollars, barre qui fait entrer dans la catégorie des licornes. L’analyse des start-up intrapreneuriales ayant créé le plus de valeur dessine un profil intrapreneurial bien différent du profil idéalisé présenté jusqu’ici comme un jeune talent ayant une idée en rupture avec la pensée dominante. En effet, le profil de ces intrapreneurs est beaucoup plus expérimenté qu’annoncé et ce sont davantage les développeurs d’une idée qui n’est pas toujours la leur que les découvreurs de l’idée géniale. Par ailleurs, ces dispositifs intrapreneuriaux, historiquement isolés du reste de l’entreprise, pourraient à l’avenir se rapprocher d’autres dispositifs, tels que les fonds d’investissement d’entreprises (corporate venture capital – CVC), en vue de développer des initiatives entrepreneuriales internes, externes ou mixtes, davantage en ligne avec la stratégie de la grande entreprise. Serait-ce le début de la maturité de l’intrapreneuriat ?
